Extrait de l'introduction du livre "Assistantes maternelles : un monde extraordinaire"
En donnant comme titre à ce livre Assistantes maternelles : un monde extraordinaire, j'aurais sans doute mieux fait d'écrire en partie cette phrase au pluriel et d'évoquer «des mondes extraordinaires».
En effet, cette profession est sans doute la seule, parmi celles de la petite enfance, qui réunit autant de domaines à la fois fondamentaux et parfois paradoxaux.
D'abord par le fait de travailler chez soi, dans son intimité et d'y accueillir quotidiennement des «étrangers» à la famille (enfants et parents) avec lesquels un lien fort et durable va s'établir... chacun devant toutefois s'efforcer de rester à sa juste place. Ainsi, ce n'est que sur la base d'une profonde et indispensable confiance réciproque que parents et assistantes maternelles vont pouvoir, chacun à sa manière, co-éduquer un même enfant, tout en veillant à ce que l'assistante maternelle ne se sente pas en droit d'expliquer aux parents comment être parents (dans ce domaine, chacun s'efforce de faire de son mieux avec les moyens du bord !) et, inversement, que ces derniers ne s'autorisent pas non plus à dire à l'assistante maternelle comment faire son travail.
Les uns sont parents, l'autre est professionnelle, qu'elle ait ou non des enfants (d'où l'intérêt de bannir du langage le fameux «... moi, avec les miens...»)
En outre, cela suppose d'établir réciproquement une relation sympathique et chaleureuse sans, surtout, devenir trop «copain» avec les parents, ce qui ne pourrait que risquer de fausser les cartes !
Rien que ce constat, potentiellement ambivalent si ce n'est ambigu, relève d'un monde extraordinaire (au sens «sortir de l'ordinaire»).
Mais, dans ce magnifique métier, il y en a bien d'autres. Revenons un instant sur cette notion de confiance. Entre l'enfant et l'assistante maternelle, un lien indéfectible s'installe. Grâce à elle, le loupiot (garçon ou fille) découvre qu'il a le droit de vivre quelque chose d'intime, avec une femme qui n'est pas sa mère, dans une maison qui n'est pas sa maison.
En clair, je pense personnellement (et ceci est très contesté, mais je continue tout autant à y croire !) qu'une assistante maternelle n'aime jamais trop un enfant qui lui est confié si elle sait, là encore, rester à sa place. Car, monde plus extraordinaire que tout, c'est bien d'une histoire d'amour dont il s'agit.
Sans qu'il ne puisse jamais y avoir une quelconque confusion dans la tête de l'enfant entre sa maman et une autre femme (tout le monde le sait... sauf certaines mères !), à travers tout ce qu'il partage avec l'assistante maternelle, il va faire l'apprentissage de sa vie personnelle (dite parfois «vie privée»).....
Biographie de l'auteur
Jean Epstein est psychosociologue et conférencier international sur les questions relatives à l'enfance et à la famille.